Quelque affaire importante ? demanda-t-il (3)
Justement, ce jour-là, comme Nana sommeillait vers deux heures, Zoé se permit de frapper à la porte de la chambre. Les rideaux étaient tirés, un souffle chaud entrait par une fenêtre, dans la fraîcheur silencieuse du demi-jour. D’ailleurs, la jeune femme se levait maintenant, un peu faible encore. Elle ouvrit les yeux, elle demanda :
– Si les femmes honnêtes s’en mêlent et nous prennent nos amants !… Vrai, elles vont bien, les femmes honnêtes !
Mais Nana gagnait encore du terrain ; maintenant, Valerio II était distancé, elle tenait la tête avec Spirit, à deux ou trois encolures. Le roulement de tonnerre avait grandi. Ils arrivaient, une tempête de jurons les accueillait dans le landau.
– Tiens ! demanda Simonne, qui s’approcha avec un sourire, comme attirée par son grand nez et sa bouche largement fendue de comique, tu t’appelles donc Achille ?
Le comte se laissa fléchir. Il exigea seulement le renvoi de Georges. Mais toute illusion était morte, il ne croyait plus à la fidélité jurée. Le lendemain, Nana le tromperait de nouveau ; et il ne restait dans le tourment de sa possession que par un besoin lâche, par une épouvante de la vie, à l’idée de vivre sans elle.
– Qu’as-tu donc ? demanda-t-elle. Tu es malade, toi aussi ?
– Tu sais, expliqua-t-il, je dis tout ça par politesse. Du moment que c’est pour rire… Hein ! je crois qu’elle est touchée, celle-là !